à Fred Griot
Le Poète (20230815)
Quand il quitte ce monde, c’est pour mieux le dire. Il ne cherche pas les mots, il ne collectionne pas, il ne catalogue pas. Il danse à cloche pied avec une grâce d’enfant qui aime se sentir regardé par ceux qu’il aime.
Ses jours et ses nuits regorgent d’exploits et de sensations, parfois intimes et secrets, parfois publics et spectaculaires. En spirales, des bribes de temps l’emportent, il faut bien alors qu’il garde une trace, qu’il capte quelques secondes.
Toutes les langues se bousculent jusqu’à la sienne, l’unique, pour déposer leur écume sur sa page, îlot éclairé parmi l’humanité endormie. Au petit matin, le veilleur glissera vers sa nuit, offrant à qui veut son sel fragile et goûteux.
Bienheureux ceux qui oseront relever ainsi leurs journées à venir après avoir soufflé doucement la bougie du valeureux émissaire.
frr