humeur ou comment améliorer le niveau des élèves ?

Publié par frr sur 4 Janvier 2023, 19:05pm

Catégories : #école, #niveau scolaire, #education nationale, #humeur, #billet

Soucieux du niveau de nos petits collégiens de sixième qui serait insuffisant (selon quels critères, par comparaison avec quelle population scolaire ? vaste sujet que ces évaluations de « niveau » !), le ministère projette d’ajouter une heure hebdomadaire de français et/ou de mathématiques à l’emploi du temps desdits sixièmes. Bien ! Les enseignants vont donc avoir un peu plus de temps pour réviser, reprendre, réexpliquer… Ah, mais oui, mais non… Cette heure sera assurée par un professeur des écoles. Sur le terrain, un enseignant de primaire, à plein temps avec sa classe va donc trouver de ci de là quelques heures pour se rendre en collège ? Souvent il travaille en périphérie urbaine ou en campagne, pas sur le palier d’un collège, même celui de son secteur. Le chef d’établissement qui jongle déjà pour concilier les contraintes des enseignants disponibles à temps morcelé parce que sur plusieurs établissements, des heures d’options, du ramassage scolaire, des absences maladie ou départ en retraite, va certainement apprécier cette joie supplémentaire au Minecraft de l’emploi du temps. Quant à l'enseignant dédié de la classe, comment va-t-il s'ajuster avec son collègue "d'une heure" ?

Une idée, mesdames messieurs les décideurs : stage obligatoire sur le terrain d’une petite semaine pour tous les pontes. Lundi avec un enseignant de collège, dans le chaudron de la jeune garde dynamique et bruyante, à entrainer sur les pentes peu séduisantes de la concentration, de l’effort et des trucs compliqués. Mardi avec un enseignant de lycée, face à l’inertie défensive de l’adolescence qui, au plus le saut dans l’inconnu du post-bac s’approche, au plus elle se fige avec un à-propos relatif. Mercredi avec les agents d’entretien (parce que, oui, une salle de classe, ça se nettoie, ça s’aère, les sanitaires, ça s’entretient, sans compter les kilomètres de couloirs, matin et soir quand les élèves ont déserté les lieux). Jeudi au sein de la vie scolaire pour assister la bobologie, les indisciplines qui débordent de certains cours, les limites de pouvoir se lâcher en récréation mais n’indisposer en aucune manière aucun de ses camarades, les surveillances d’étude au pied levé pour parer aux imprévus de toute équipe enseignante. Vendredi du côté des bureaux, au calme superficiel, avec les suivis des dossiers, les desideratas des familles, des décisions parfois cornéliennes pour certaines situations, les liens avec le rectorat, l’anticipation de l’organisation, les changements (on y revient) des emplois du temps (effet domino assuré : un changement pour une classe ricoche sur d’autres).

Après ce stage pluridisciplinaire, mesdames messieurs les décideurs, peut-être vous écarterez-vous avec brio du y’a qu’à-faut qu’on tout simplement parce que vous parlerez enfin le même langage que vos modestes et néanmoins pugnaces exécutants. Il y a fort à parier que ces prémices permettraient d’améliorer discussions, choix et décisions, voire justement ce graal du niveau amélioré des élèves !

04 01 2023

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